« D’un intellectuel résistant »

par | 2 Jan 2020 | Art – Littérature

A deux jours des soixante ans de sa mort, le Figaro de ce jour rend un bel hommage à Albert Camus, en publiant un inédit de 1943, appel vibrant – et formidablement actuel en réalité – au renouvellement des élites.

J’ai déjà écrit ici l’amour que je porte à cet écrivain, que je n’ai réellement découvert qu’à la publication du Premier Homme, en janvier 1994. Je ne crois pas que je saurais le dire mieux que dans cette chronique de janvier 2017.

Même s’il a opté pour une existence sans Dieu, il partageait avec les chrétiens une même horreur du mal. Aux idéologues, il recommandait de préférer les hommes aux idées. Aux amateurs de consensus, il suggérait l’affirmation de ce que l’on est, sans radicalité.

En 2019, une génération s’est levée et nous a questionné sur l’avenir que nous lui préparions. Sur le climat, sur la biodiversité, sur l’épuisement des ressources, les « éléments de langage » ne suffiront pas : « privilégier les engagements volontaires, laisser du temps à la transition, bla-bla-etc … ». Le régulateur doit fixer un cadre ambitieux et courageux. En Europe, il a d’ailleurs largement commencé de le faire.

Dans la préface d’une édition des œuvres de Camus datant de 2013 (collection Quarto/Gallimard), Raphaël Enthoven résume ainsi son appel à l’action : « Albert Camus soigne le désespoir par le sentiment qu’il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ».

Et dans l’inédit publié aujourd’hui, Camus écrit : « Un esprit pour qui comptent à la fois l’expérience d’une vie et la réflexion sur cette expérience sait que la foi, l’ardeur, la solidarité, la volonté claire de ce que l’on veut, ne sont pas des sentiments constants. Ils ont leurs éclipses et cela est naturel … »

Alors, puisqu’est venu le temps des vœux, c’est celui que je forme pour chacune et chacun d’entre vous pour la décennie qui s’ouvre : entreprenez – sans vous décourager trop souvent – pour un monde plus durable ! L’espoir viendra en sus.

Et les cyniques, allez au diable !


Iconographie : la mer du coté de Biarritz, collection personnelle