Education Européenne

par | 9 Avr 2021 | Art – Littérature

Confinés dans la Drôme des Collines, le Vercors – à plus de dix kilomètres de la maison  – ne nous est pas permis sans attestation …

Mais la littérature permet des miracles : j’ai passé ma soirée d’hier dans le maquis avec Romain Gary …

« La liberté est fille des forêts. C’est là qu’elle est née, c’est là qu’elle revient se cacher, quand çà va mal », phrase définitive que Gary attribue dans l’ Education Européenne à l’ainé des Zborowski …

En quatrième de couverture de l’édition Folio, une biographie lapidaire, qui en dit long sur le personnage : « Romain Gary, né en 1914 en Russie, écrivain, aviateur, diplomate, Compagnon de la Libération, a obtenu le Prix Goncourt pour Les Racines du ciel … »

En se plongeant dans le livre, on est happé par l’atmosphère de la forêt polonaise, plongé dans cette « aube mauvaise de septembre, mouillée de pluie ».

Mais quel goût de la liberté ! Si loin de l’atmosphère étouffante de notre époque et ses obsessions, entre peur de mourir et droit de mourir …

Le livre a pourtant été écrit dans l’urgence d’une mort possible entre 1941 et 1943, Education Européenne a d’abord été publié sous le titre Forest of Anger chez Cresset Press en 1944 en Angleterre. Publié en France en 1945 sous son titre actuel chez Calmann-Levy, recevant cette année là le prix des Critiques.

A rebours du bon accueil de la presse, Jean-Paul Sartre avait écrit dans le numéro des Temps modernes du 1er novembre 1945 qu’il ne « trouvait pas bon » … (puisqu’on est entre nous : un livre que Sartre ne trouve « pas bon » ne peut pas être mauvais !)

En réalité, l’oeuvre a été profondément remaniée ensuite, avant d’être re-publiée en 1956 dans la prestigieuse Collection Blanche de Gallimard. Parmi les changements les plus importants, un nouveau « protagoniste » est introduit en la personne du partisan Nadejda, figure fictive imaginaire devenue mythique au sein de la résistance polonaise, changeant d’ailleurs complètement le sens de son action.

Bon je n’avais que l’édition Folio du texte de 1956, mais quel plaisir de retrouver ce cher Romain Gary !

Allez, pour le plaisir : « Il lui arrivait souvent d’appuyer sa main contre l’écorce dure et rassurante d’un arbre et de lever les yeux vers lui avec gratitude, et il s’était même lié d’amitié avec un très vieux chêne, certainement le plus beau, le plus puissant de la forêt, dont les les branches s’ouvraient au dessus de Janek comme des ailles protectrices … »

Bonnes lectures !


Iconographie : Tatry National Park, Zakopanein, Pologne © Marek Steins