« Si je mourais là-bas … »

par | 3 Nov 2018 | Art – Littérature

« Si je mourais là-bas sur le front de l’armée, tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée. Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt un obus éclatant sur le front de l’armée, un bel obus semblable aux mimosas en fleur »

Guillaume Apollinaire est mort il y a un siècle, le 9 novembre 1918, le jour même de l’abdication de celui qui portait son prénom, l’empereur allemand Guillaume II.

Il naît à Rome en 1880. Il ne s’appelle pas encore Apollinaire mais Kostrowitzky. De nationalité polonaise, il débarque à Paris à 18 ans, se consacrant vite à sa grande passion, la poésie, et s’imposant comme une figure incontournable de la vie littéraire parisienne.

Lorsque la guerre éclate en 1914, Apollinaire veut s’engager, mais il doit s’y prendre à deux fois pour rejoindre l’armée française.

C’est à la même époque, en septembre 1914, qu’il rencontre à Nice Louise de Coligny-Châtillon, dont il tombe éperdument amoureux. Il lui écrit ses sentiments dans sa première « lettre à Lou » le 28 septembre 1914. S’ensuit alors une correspondance amoureuse et érotique, oscillant entre fantasme et réalité.

Mais le 4 avril 1915, c’est un homme malheureux, amoureux non payé de retour, qui part au front. Sous lieutenant au 96ème régiment d’infanterie, il combat en Champagne pendant près de 6 mois. Malgré l’horreur de la guerre, il continue d’écrire et entretient une abondante correspondance (plus de 200 lettres) avec Lou. Il y décrit dans le détail la vie des tranchées, un quotidien, au milieu de la boue et des bombardements.

Il cessera d’écrire à Lou en janvier 1916, pour ne rester plus qu’un amoureux de la France.

Cette année là, enfin naturalisé, Guillaume Apollinaire poursuit la guerre dans l’Aisne où il est blessé à la tempe par un éclat d’obus.

Après une longue convalescence, très affaibli par sa blessure. Il finira par contracter la grippe espagnole et mourra, dans les tous derniers jours de la guerre.

Pour beaucoup, il restera le blessé à la tête bandée, immortalisé par Picasso. Pour d’autres – j’en suis – celui dont on peut réécouter en boucle les poêmes, chantés par un autre amoureux de la France, Jean Ferrat.


iconographie : le monument aux morts de Peyrins, Drôme, France (collection personnelle)