Convoi 71

par | 19 Sep 2018 | Gouvernement

Marceline Loridan-Ivens, née Rozenberg, est morte hier, à Paris. Elle avait 90 ans. Elle était à ma connaissance la dernière survivante du convoi 71, parti le 13 avril 1944 de la gare de Bobigny à destination d’Auschwitz.

Il y eut environ 79 convois de déportation de Juifs partis de France sur trois années, notamment depuis le camp de Drancy, via la gare du Bourget puis celle de Bobigny.

Celui-ci comptait 1500 déportés, dont 289 enfants. Parmi les déportés, 34 enfants de 5 à 13 ans arrêtés à la maison d’Izieu le 6 avril 1944, tous gazés à leur arrivée, ainsi que leurs encadrants, dont Miron Zlatin et Sarah Levan-Reifman, respectivement directeur et médecin de l’établissement. Le convoi comportait aussi 19 enfants (7 à 19 ans) issus d’une rafle que l’on connaît moins, celle de la Martellière à Voiron, dans la nuit du 22 au 23 mars 1944.

A l’arrivée à Auschwitz, 165 hommes et 91 femmes furent sélectionnés pour les travaux forcés, leur évitant l’envoi immédiat aux chambres à gaz. En 1945, 105 avaient survécu, dont 70 femmes.

Lea Felblum, l’une des encadrantes d’Izieu, Simone Veil, sa sœur Madeleine Jacob, mais aussi la géniale psychanalyste Anne-Lise Stern comptèrent parmi ces survivantes. La mère de Simone Veil ne revint pas.

Et Marceline donc, qui revint elle aussi, un personnage assez étonnant pour dire la vérité.

Alors, avant de l’accompagner, pour finir par quelque chose de moins sombre, et aussi pour que la vie l’emporte à la fin, on peut se souvenir d’elle dans « Chronique d’un été« , le film de Jean Rouch et Edgar Morin. Un joli film qui laissait les parisiens s’exprimer sur le rapport à soi, au travail et aux autres, proposant une douce immersion dans leur quotidien.


Iconographie : carte postale de la gare de Bobigny, dont sont partis les convois à partir de 1943. La gare a été consacrée « lieu de mémoire » à la suite de son inscription au titre des monuments historiques en 2005.