La peste et le choléra

par | 26 Avr 2020 | Art – Littérature

Je dois l’avouer, je trouve qu’il est difficile de trouver les mots pour dire ce que nous ressentons face à cette pandémie.

A quelles références se raccrocher ?

Heureusement, la littérature est là, qui nous aide à y voir plus clair : sans elle, comment vivre sereinement cet événement qui a surgi dans nos vie sans crier gare ?

Le plus loin de nous, il y a d’abord le Journal de l’année de la peste, publié en 1722, où Daniel Delfoe s’inspire de la grande épidémie de peste bubonique qui ravagea Londres en 1665. S’aidant peut-être de ses souvenirs mais réunissant surtout avec une vraie rigueur scientifique témoignages et documents, il s’y livre à un véritable travail de clinicien, y compris sur le plan sociologique : comme il y a une société du crime, il y a une société de la peste !

Après, bien sûr, avec ce tout nouveau regard lié à ce que nous vivons, il faut relire La Peste.

Ce roman, je l’avais lu une première fois avant mon bac de français … pour finalement en tirer au sort un extrait le jour J … Pauvre Camus ! Et pauvre examinateur ! Sans me souvenir précisément de mon oral, j’ai honte rétrospectivement de ce que j’ai dû dire ce jour là …

En le relisant il y a quelques années, j’en ai bien sûr mieux compris la métaphore du nazisme, largement commentée à la sortie du roman en 1947. J’ai d’ailleurs écrit ici une chronique influencée par cette lecture là.

Mais j’avoue que sa redécouverte aujourd’hui est autrement plus troublante, avec toutes ces similitudes si frappantes avec la situation actuelle. Et puis entre temps, Camus est devenu mon ami, depuis que j’ai lu Le Premier Homme … et son Algérie !

Ce week-end, j’ai jeté mon dévolu sur Le Hussard sur le toit : entre la peste et le choléra, comment choisir ?…

« Le chef d’oeuvre de Giono » dit la quatrième de couverture … Un héros à la Stendhal, Angelo Pardi, que Giono qualifie de « noble, généreux, pur, naïf et en bonne santé » … les cartes dont il dispose pour affronter le malheur, en l’occurence le choléra de 1838 ravageant la Haute-Provence. Le jeune homme confronte sans cesse ses qualités et sa passion à la passion des autres, en réalité un égoïsme à l’état pur…

« Les oiseaux s’éveillaient dans le vallon où il descendit » ... merveilleux Angelo !

Je n’ai pas retrouvé L’amour au temps du choléra de Gabriel García Márquez : ce sera pour après le confinement !

 


Iconographie : Le Hussard sur le toit … à lire dans un jardin ou avec la fenêtre ouverte, dans cette si chère édition Gallimard de 1951 … (collection personnelle)