« Notre Mère la Terre »

par | 24 Oct 2019 | Gouvernement

Edité par la Librairie vaticane, « Notre Mère la Terre » (Nostra Madre Terra en italien) rassemble les discours du Pape sur la protection de la création. Le texte sort aujourd’hui 24 octobre en Italie et en France, avec une préface du patriarche oecuménique Bartholomée Ier.

Ambitionnant de proposer une « lecture chrétienne sur le défi de l’environnement », le Pape y revient sur le « tout est lié » de Laudato Si. Dans cette compilation de textes, il affirme que la crise écologique que nous vivons est avant tout un des effets d’un regard malade sur nous-mêmes, sur les autres, sur le monde, sur le temps qui passe ; un regard malade « qui ne nous fait pas tout percevoir comme un don offert pour que nous nous découvrions aimés ».

Si agir pour la sauvegarde de l’environnement et la maîtrise du dérèglement climatique est nécessaire, le Pape considère que ce n’est pas suffisant : l’écologie doit être une écologie de l’homme et de la création tout entière, pas seulement d’une partie (c’est ce que les catholiques appellent l’écologie « intégrale »). De même que, lors d’une grave maladie, les médicaments ne suffisent pas mais qu’il faut regarder le malade et comprendre les causes qui ont été à l’origine du mal, de même, la crise de notre temps doit être affrontée dans ses racines. Le chemin proposé consiste alors à repenser notre avenir à partir des relations : les hommes et les femmes de notre temps ont une grande soif d’authenticité, de revoir sincèrement leurs critères de vie, de miser sur ce qui a de la valeur, en restructurant leur existence et leur culture. C’est d’ailleurs me semble t’il ce qui peut entraîner une perte d’engagement dans nombre d’entreprises.

Etendant sa pensée au champ politique (ce n’est pas sur Aristote qu’on oubliera que tout est politique !), le Pape insiste sur l’un des grands risques face à la grave menace pour la vie sur la planète causée par la crise écologique, celui qui consisterait à ne pas lire ce phénomène comme l’aspect d’une crise mondiale plus large. Cette crise demande une vision et une approche mondiales, qui passent avant tout par une renaissance spirituelle dans le sens le plus noble du terme.

Tout est lié ! Cà ne va évidemment pas plaire aux plus laïcs d’entre nous, mais il est intéressant d’observer que l’agenda 2030 des Nation-Unies ne dit pas autre chose à travers ses dix-sept objectifs de développement durable, qui vont bien au delà des simples enjeux climatiques. Ceux-ci couvrent en effet l’intégralité des enjeux de développement dans tous les pays, pas seulement le climat, mais aussi la biodiversité, l’énergie, l’eau, la pauvreté, l’égalité des genres, la prospérité économique ou encore la paix, l’agriculture, l’éducation.

« Vaste programme ! » aurait dit quelqu’un …


Iconographie : chardons devant la mer, baie de Somme, 9 septembre 2018 (collection personnelle)